Interview de Christian Blanc dans les Echos - 10 février 2009

Publié le par Nouveau Centre Paris Est

"Nos projets pour la ville monde qu'est Paris sont prêts"
Dans une interview au journal Les Echos, Christian Blanc, secrétaire d’Etat chargé du développement de la région capitale et Président délégué du Nouveau Centre, détaille ses projets pour le Grand Paris : "Il y a trois objectifs majeurs. Premièrement, valoriser puissamment tous nos points forts et nos avantages compétitifs actuels. On peut compter sur 7 ou 8 pôles économiques où nous avons une position dominante telle que l'aéronautique, le fret, les Salons et congrès, le luxe et le tourisme d'affaires. Deuxièmement, il faut parier sur la montée en puissance de secteurs déterminants pour le futur tels que les biotechs, les cleantechs et les TIC. Troisièmement, en tant que ville monde en lien avec les autres métropoles françaises, être capable de tirer l'économie nationale, et pour cela mettre en place tous les dispositifs permettant à la région parisienne d'être la porte d'entrée principale à l'international."

Quel constat faites-vous des perspectives de développement de Paris et sa région ?
Avec Londres, New York et Tokyo, Paris fait partie du quatuor des « villes monde », comme les appelle l'OCDE. Ces villes ont une productivité économique très supérieure à la moyenne nationale, une capacité à concentrer des activités de recherche et de développement, et à générer de l'innovation. L'Ile-de-France réalise ainsi 30 % du PIB français avec 18 % de la population. Et, comme à Londres, 40 % des brevets d'invention du pays y sont déposés. Il existe aussi une corrélation entre leur taille et le réseau mondial sur lequel elles se situent. Ce qui leur permet d'attirer des sièges sociaux d'entreprises et de regrouper des infrastructures de services spécialisés, d'autant plus qu'elles sont le centre de décisions politiques nationales ou internationales. Paris et sa région constituent incontestablement l'agglomération urbaine qui a le plus grand potentiel en Europe et l'un des plus importants au monde. Pour autant, sa croissance est incroyablement insuffisante. Entre 2002 et 2007, elle était de 2 % par an, soit nettement moins forte que dans l'agglomération lyonnaise. Dans le même temps, la croissance du Grand Londres était de 3,3 %. Nous sommes face à une sorte de grand gâchis.

Comment expliquez-vous ce décalage ?
La globalisation de l'économie, depuis une vingtaine d'années, n'a pas été comprise par les pouvoirs publics, et ses conséquences ont, de fait, été ignorées. Absence de stratégie, tant de l'Etat que de la région, décisions dispersées et prises sans cohérence, potentiels mal accompagnés, complexités administratives multiples... En fait, nous avons vécu sur nos acquis. Alors que, par exemple, Lyon et la région Rhône-Alpes se sont, depuis Raymond Barre alors maire de Lyon, ouvertes aux réseaux internationaux en nouant des partenariats avec Barcelone, Milan, le sud de l'Allemagne... De plus, à partir de Grenoble, le rôle de la recherche et des technologies de l'innovation y a été parfaitement intégré. Enfin, leurs élus se sont approprié une culture de l'innovation et des services avant d'autres régions.

Quelles actions économiques cela appelle-t-il, d'après vous ?
Il y a trois objectifs majeurs. Premièrement, valoriser puissamment tous nos points forts et nos avantages compétitifs actuels. On peut compter sur 7 ou 8 pôles économiques où nous avons une position dominante telle que l'aéronautique, le fret, les Salons et congrès, le luxe et le tourisme d'affaires. Deuxièmement, il faut parier sur la montée en puissance de secteurs déterminants pour le futur tels que les biotechs, les cleantechs et les TIC. Troisièmement, en tant que ville monde en lien avec les autres métropoles françaises, être capable de tirer l'économie nationale, et pour cela mettre en place tous les dispositifs permettant à la région parisienne d'être la porte d'entrée principale à l'international.

Ne vaudrait-il pas mieux répartir les efforts sur l'ensemble du territoire national ?
Paris et le désert français, c'était avant. La politique de décentralisation a eu des effets très positifs pour répondre à un objectif de redistribution des richesses à l'intérieur du territoire. On est aujourd'hui dans un type d'économie qui n'a plus rien à voir. Une ville monde, c'est un « hub » constitué de pôles de développement, qui eux-mêmes sont articulés avec d'autres « hubs » dans le monde. Ce sont des villes à masse critique très forte disposant de capacités économiques exceptionnelles, ce sont aussi des marchés puissants qui, à côté de la production, tirent l'innovation. C'est pourquoi un objectif de croissance de 3 à 4 %, à minima, est accessible pour la région capitale dès que nous sortirons de la crise.

Est-ce à la puissance publique d'organiser cela ?
Ce qui est certain, c'est que seul l'Etat peut aujourd'hui être stratège et garant de la solidarité nationale. L'objectif étant que l'Etat redevienne le plus rapidement possible, sa mission accomplie, l'accompagnateur des collectivités locales et du monde économique.

Comment allez-vous vous y prendre ?
Mes projets sont très avancés sur les pôles de développement susceptibles de structurer l'économie de la région parisienne, des sciences et technologies du plateau de Saclay au sud jusqu'aux industries de la création au nord. A partir des échanges qui ont déjà eu lieu, des concertations avec les collectivités directement concernées vont commencer. Cependant, le développement économique n'a de sens que s'il s'accompagne d'une restructuration urbaine qui crée de la qualité de vie, et en particulier de la cohésion sociale. Nous serons amenés, avec les urbanistes, à présenter des projets d'une ambition inégalée pour refaire de la ville accueillante là où il n'y a parfois que de l'exclusion.

Est-ce que cela nécessite une nouvelle organisation institutionnelle ?
Notre projet économique et le plan transports qui l'accompagne sont prêts. Nous pourrons présenter le volet économique avant le printemps. Depuis le général de Gaulle et la mission qu'il a confiée à Paul Delouvrier, il n'y a plus eu, alors que le monde a changé, d'ardente obligation de se mettre au niveau de nos potentiels. Les modes d'organisation touchant au cadre de vie, aux transports, à la croissance de la région capitale ont évolué, devenant plus complexes. Il est aujourd'hui indispensable de les repenser. Peu de gens savent qu'il y a un plan stratégique à trente ans pour New York et Shanghai. Or nous n'avons pas l'équivalent en région parisienne. Le SDRIF, qui s'inscrit dans la continuité des schémas directeurs précédents, manque d'ambition.

PROPOS RECUEILLIS PAR DOMINIQUE MALÉCOT ET PHILIPPE MOREAU

Publié dans Grands débats

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